Résumé de la journée égyptologique de Nîmes (suite)
L’après-midi de la journée égyptologique (20 janvier 2024) a démarré avec la présentation de Francesco Tiradritti sur les lettres d’Amarra. Presque 400 tablettes d’argile sont connues. Elles sont écrites en cunéiforme, écriture diplomatique de l’époque. Ces textes évoquent les grands royaumes d’Assyrie, de Babylone et les multiples vassaux et territoires amis du Proche Orient. Une seule est datée avec certitude d’Amenhotep III. De nombreuses lettres ne sont pas datées.
Une des difficultés est de comprendre la transcription des noms égyptiens ce qui n’est pas toujours facile. Cela permet de replacer les lettres dans les différents règnes. La diplomatie joue un rôle mais on y apprend beaucoup sur les pratiques des échanges et du commerce.
Ces lettres permettent de comprendre comment le pharaon, vivant à Amarna, suit les événements. Par exemple, le Mitanni disparait sous les attaques des Assyriens. L’Egypte est en paix avec le Mitanni, des épouses royales sont mitaniennes et pourtant le roi ne bouge pas.
Pourquoi ? Pour l’Egypte, on comprend que l’intérêt n’est pas qui contrôle le territoire, du moins ce n’est pas la priorité, mais de garantir l’accès aux routes commerciales et aux matières premières. La disparition du Mitanni ne modifie pas le commerce et les échanges. Cela implique uniquement des ajustements dans les liens. C’est une diplomatie pragmatique dans laquelle les intérêts économiques sont plus importants tant que cela ne remet pas en question les Etats-tampons et la stabilité de la région, ni des intérêts égyptiens.
L’autre grande affaire du règne concerne Byblos et la montée en puissance de l’Amourrou et du prince Azirou. Les deux sont des fidèles au pharaon. Byblos se plaint de l’attitude agressive d’Azirou et de sa volonté à prendre Byblos. Azirou est alors convoqué à Amarna pour répondre des accusions. Il donne des gages et peut repartir.
Peu de temps après, Azirou fait alliance avec les Hittites et s’éloigne donc de l’Egypte mais dans le même temps, les marchandises et le commerce continuent à fonctionner.
Comment comprendre cette attitude égyptienne plutôt passive ? L’Egypte ne contrôle pas le Proche-Orient comme elle le fait en Nubie. Le Proche-Orient est composé d’une multitude des villes indépendantes et les rivalités y sont nombreuses. L’Egypte surveille la situation mais elle n’est pas là pour faire la police ni pour régler les conflits entre les princes et les villes. Le but est d’avoir une stabilité d’ensemble, un accès facilité aux routes commerciales tout en permettant les mouvements des garnisons égyptiennes si besoin.
L’inaction d’Akhenaton entre Azirou et Byblos s’explique notamment par le fait qu’il s’agit d’un conflit « interne » qui ne concerne pas directement l’Egypte même si Byblos se plaint que le pharaon s’envoie pas une armée pour aider Byblos, pourtant fidèle à l’Egypte depuis des siècles.
Finalement, l’envoi d’une armée contre Qadesh à la fin du règne peut s’expliquer par la perte de la région et de la rébellion que cela implique, avec en arrière-plan les armées hittites. Et les conséquences sur les intérêts égyptiens expliquent aussi la réaction égyptienne.
D’autres résumés de la journée égyptologique de Nïmes ont été publiés dans Pharaon Magazine n°56.
Commentaires
Publier un nouveau commentaire